Ce n’est pas une course, dit-on dans les deux ports. Mais, alors qu’ils se préparent depuis des mois, les équipages de deux bateaux futuristes vont attirer ces jours l’attention des mêmes médias en Bretagne, l’un à Lorient et l’autre à Saint-Malo, avant de s’élancer pour un tour du monde aux énergies renouvelables. Chacun possède notamment à bord – c’est inédit sur un navire – une chaîne complète de propulsion à l’hydrogène. En Suisse, l’initiative de la Fondation RaceForWater, qui a récupéré et transformé l’ancien catamaran solaire PlanetSolar, est déjà bien connue. Mais en France, c’est Energy Observer qui fait les gros titres ou l’objet de reportage à la télévision, comme au 20h de TF1 ce 28 mars. Du côté tricolore, Victorien Erussard, tout en disant ne pas souhaiter de polémique, s’avoue finalement «agacé par cette situation» de concurrence implicite entre deux aventures très similaires, «tant nous avons investi de temps.» C’est depuis 2014 que ce coureur au large développe et évoque son idée, imaginée à partir d’Enza New Zealand, le catamaran avec lequel Sir Peter Blake a remporté le trophée Jules Verne en 1994. Cet ancien voilier a été recouvert de panneaux solaires, surmonté de deux éoliennes verticales, équipé d’un kite tracteur pour les jours de grand vent. L’équipe s’est aussi attaché les services d’une trentaine d’ingénieurs du laboratoire de recherches CEA-Liten. «Avec eux, nous avons installé tous les systèmes nécessaires pour exploiter l’hydrogène, afin de maximiser la mixité des énergies renouvelables utilisées», explique le marin. L’idée consiste à pomper de l’eau de mer, à la désaliniser, à séparer grâce à des électrolyseurs les molécules d’oxygène (O) et d’hydrogène (H) qui forment le liquide (H20), et à compresser l’hydrogène gazeux dans des bonbonnes. Enfin, lorsque ni le soleil ni le vent ne sont au rendez-vous pour recharger les batteries électriques des moteurs, ce même gaz peut être injecté dans des piles à combustibles pour produire du courant et rejeter… de l’eau.