Voilà un endroit surprenant dont je n’imaginais pas l’existence : le « sentier des ocres », qu’on appelle aussi le Colorado provençal. Un nom très bien trouvé !
Je l’ai découvert à l’occasion d’un séjour chez des amis, où nous nous étions réunis pour faire une sortie en voile. Le lendemain de cette épopée (épique !), nous avons visité cet étrange paysage, qui nous donnait davantage l’impression de marcher sur Mars que sur Terre.
Dans le Vaucluse, le climat et le relief surprennent parfois par leur rudesse et leur âpreté. Dans une partie du pays d’Apt, la roche domine même tout. Ses failles causées par l’érosion, et surtout ses couleurs incandescentes donnent lieu à d’extraordinaires sites que l’on imaginerait plus volontiers dans le Far West. Lorsque la falaise se pare d’une symphonie de teintes, virant du jaune vif au rouge sang, il s’agit d’ocre, un minerai composé de quartz et d’oxydes qui se combinent pour former des paysages saisissant de beauté.
A Roussillon, un village bâti sur un piton rocheux, on exploitait à ciel ouvert cet ocre, qui présente l’avantage d’être un colorant non toxique. Aujourd’hui, les carrières, rebaptisées le « sentier des ocres », accueillent des touristes sur leurs pentes ravinées. Des bosquets de pins et de chênes d’un vert vif, lumineux, presque phosphorescent, surgissent entre des roches où le rouge vermillon dialogue avec le mauve et l’orangé. Quand on grimpe jusqu’à la « chaussée des géants », on en vient à se demander qui, des dieux et des hommes, de l’eau ou du vent, a sculpté la falaise. Ils se retrouvent ensuite dans les rues du petit village, très civilisé, où l’ocre flamboie sur les façades des maisons. Près de Roussillon, le Conservatoire des ocres évoque l’utilisation de cette belle terre qui faisait autrefois le bonheur des peintres et des bâtisseurs. Seule la carrière de Gargas continue d’être exploitée pour son ocre.
Autre site connu pour sa beauté, Rustrel, près de Gignac, s’enorgueillit de ses richesses naturelles : le fer et l’ocre. Des sentiers relient les deux villages. Dans ce vallon des Terres vertes, on peut découvrir, au bord de la falaise, l’ancienne exploitation d’ocre où des pins majestueux toisent des « cheminées de fées », des colonnes de sable que protègent des blocs rocheux en surplomb.
La sortie en voile (sur un authentique trimaran de course !) a été elle aussi une sacrée expérience, dans un genre très différent. Si vous n’êtes pas frileux et n’avez pas facilement le mal de mer, je vous la recommande vivement ! Suivez le lien pour en savoir plus sur cette sortie en trimaran de course.