Il y a quelques années, le festival de la plaisance de Cannes est devenu le Yachting Festival (à Cannes). Le fond ne change pas, il y a toujours de très gros bateaux et toujours beaucoup plus de bateaux à moteur que de bateaux à voile. Mais yachting, à l’international, c’est beaucoup plus clair que plaisance. Parce que si dans plaisance, il y a plaisir, ça ne marche que pour les francophones alors que dans yachting, il y a argent, luxe et affaires à faire, et ça dans toutes les langues du monde. Et ça tombe bien car le salon de Cannes (l’appellation est désuète mais on y tient) est un salon très international. De par ses visiteurs (47%, presque un sur deux) comme de par ses exposants (un sur deux également). Cannes, c’est le premier salon à flot européen et on peut dire qu’il a atomisé la concurrence, les salons de Gênes ou de Barcelone n’étant plus que l’ombre d’eux-même. Un succès qui repose d’abord sur un cadre et une localisation formidable : le vieux port de Cannes au cœur de la « french Riviera ». La proximité de l’aéroport de Nice ajoute encore à l’attractivité de cette côte d’Azur à priori encore très ensoleillée début septembre. On repère d »abord les gros bateaux à moteur mais il y a aussi de très beaux voiliers à découvrir à Cannes, surtout quai Saint-Pierre. Et puis Cannes, c’est aussi le premier salon de la saison. Là où sont présentées les nouveautés de l’année qui suit et l’on ne compte plus les premières et les avant-premières dont le salon revendique l’exclusivité. C’est vrai pour le moteur, c’est vrai pour la voile également. Car sur les 550 bateaux exposés, il y a tout de même de 110 à 120 voiliers, ce n’est pas rien (23%). Si l’on ne parle que des multicoques, il y en avait 35 l’an dernier on en annonce une quarantaine cette année, soit autant qu’un salon spécialisé en la matière comme celui de la Grande Motte. Il y aura donc des nouveautés aussi en voile. Chez Jeanneau par exemple mais aussi chez des constructeurs italiens. Nous y reviendrons. Mis à part une petite panne réservée aux pointus (en bas à gauche) et quatre pontons occupées par de petites unités (au centre), le port est vidé de ses occupants habituels et équipé de nouveaux pontons et passerelles pour recevoir le salon. Non, l’événement cette année, c’est que la taille moyenne des bateaux exposés a cessé de grossir. Pour une fois les unités à flot ne grandissent plus. Pas seulement parce que le salon a soigné la présentation des semi-rigides mais aussi parce que même dans les unités de plus de 24 m, la crise se fait sentir. Quelque part, ça nous rassure, on se dit que nous ne sommes pas seuls dans notre malheur. Bon, on n’ira pas pleurer non plus sur ce monde merveilleux du yachting. Même si la taille moyenne des bateaux est à la baisse, on reste encore dans les 15 m, autant dires de belles et chères unités. D’ailleurs, à la louche, comme ça pour voir, les organisateurs du salon estiment que la valeur cumulée des bateaux exposés tourne autour de 800 millions d’euros, « et on a été prudent dans nos estimations » assure Alain Pichavant. Mais quand même, il n’y a pas que des gros bateaux. Donc ça vaut le coup d’aller y découvrir en avant-première les dernières productions, de se régaler de l’histoire de ce Chinois qui a commandé un motor-yacht de 35 m, mais sans le moteur (les mauvaises langues racontent qu’une scène de Karaoké a investit la salle des machines), de perfectionner son accent italien (sûrement les plus nombreux des visiteurs) ou de participer à une grande course de stand up paddle en relais. Un truc de fou réservé aux sportif : 100 km sur un SUP à la force des bras en faisant des allers et retours devant la croisette (organisation: agence séminaire Cannes), en relais par équipe de deux, trois ou quatre pendant que vos amis écument les boîtes branchées ou passent la nuit dans les bars prestigieux des grands hôtels qui surplombent la croisette. Parce que cette course se déroule de nuit, au moins en partie (de 19 h à 6 h du matin) : bon courage !